Sans instruction, rien d'autre à faire
Pas hésiter, quitter sa terre
Fils de la ferme, saisit sa chance
Veut surtout pas reprendre le manche
Paraît qu'embauche la police
Même qu'on en fait la propagande
A voir l'affiche, c'est tentant
Etre fonctionnaire au salaire chiche
Job garanti, sa vie durant
Et puis prestige de l'uniforme
Une matraque et des menottes
Flingue et képi, selon les normes
Plaque de chérif, habille son homme
L'homme des casernes, est ébloui
Avale tout ce qu'on lui dit
C'est son royaume imaginaire
Séries télé, noires policières
Stars d'Amérique, fan des experts
Lui qui contourne les armureries
Peur des fusils, à cause du bruit
D'une goutte de sang, s'évanouit
Sans le savoir, va être servi
A l'examen est convoqué
Pour être admis, il faut plancher
Doit se farcir une dictée
Multiplier et diviser
Mais l'addition, c'est pour après
Cocher bonnes cases des PV
Sans calculette, c'est pas gagné
Lui qui était dernier de la classe
L'âne bâté de son collège
Il est reçu, comme par miracle
Pour une fois, s'exauce son rêve
Bien obligé, reprendre les cours
Gestion trafic, aux carrefours
Apprendre le maniement des armes
Se gendarmer, gérer les drames
Mais comme principe incontournable
Toujours par deux, se déplacer
Jamais sortir son pistolet
En cas d'urgence, donner l'alarme
Pas trop quand même, car pas nombreux
Pour affronter les fous furieux
Surtout pas mélanger les genres
Entre fous de dieux, et malfaiteurs
Même s'il y a pas de différence
Taire ses colères pour ces saigneurs...
Ces quelques mois de formation
Ont regonflé ses illusions
De mousquetaire de l'Etat
Bouter les hordes de hors la loi
Muté d'office, dans la cité
Quartier sordide des mal famés
Tout jeune flic, tombe de haut
Sans l'attirail de zorro
Dans sa brigade, que vieux ados
Sans expérience, mais bricolos
Doivent réparer l'ordinateur
Faire le ménage, planquer des heures
Et patrouiller, à la rigueur
De suite, son chef, l'a prévenu
«Tu sais gamin, ce qui t'attend
Ici c'est pas boulevard des Champs
Des dealers y'en a plein les rues
Mais pas de la première volée
Pour ne pas dire, des étrangers
Y'a qu'une bagnole pour toute l'équipe
On compte les gommes, les stylos
Dans Fort Chabrol, on se précipite
Quand les voyous chasse le perdreau
La haine habite leur matière grise
Alors, mon gars, un seul conseil
Met du coton dans tes oreilles
Des contre danses aux honnêtes gens
Face insulte, sois indulgent
Pas ton problème, t'es qu'un agent»
L'apprenti flic est sidéré
Lui qui croyait panser les plaies
Regrette déjà, s'être engagé
Pourtant en jette, «gardien de la paix»
Finalement comme ses copains
Va faire des rondes qui servent à rien
En évitant les coins malsains
Braves citoyens, les papillonne
Pendant ce temps, les haschichins
Vendent leur came, pour grosse somme
flinguent nos gamins, ça vous étonne?
Y'a pas de risque et ça rapporte
Faire des procès, excès de vitesse
Les mal garés, payent la note
France providence, remplit ses caisses
Trois bouts de ficelle, un élastique
Comme par miracle, marche la police
Pas à coups d'instruction civique
Chacun se débrouille, selon ses tics
La grande muette, n'est pas indic
Seule la justice, rend les verdicts
Mais entre elles deux, le torchon brûle
Chacune amasse son pécule
Police, justice, ont l'humour vache
Les flibustiers, en douce se marrent
l'une les attrape, l'autre les relâche
Y'a plus de règles, que des bonnes poires
Les commentaires sont trompeurs
On nous démontre à la télé
Que la violence, n'est plus de rigueur
Et que la France est policée
Le pauvre flic, pris pour un con
Lui qui se frotte aux rebellions
Se fait plus guère d'illusions
Voit que ce monde, tourne plus rond
Doit se plier, s'agenouiller
Devant les bandes d'intégristes
Vous me direz, c'est leur métier
Pas riposter, sinon punis
Seuls les loubards font la loi
Car c'est l'époque qui veut ça
La société baisse les bras
Ne constatant que les dégâts
C'est trop facile d'amalgamer
Flic et réac, tueurs à gage
Car la plupart des policiers
Font leur devoir, pas le carnage
Dure mission, de concilier
Tous les malheurs de la cité
Mais sans soutien, que peuvent-ils faire
Pas commissaires, boucs émissaires
Fouteurs de merde sont mieux armés
Kalachnikovs importées
On est en guerre, sans l'avouer
L'Etat se targue de son armée
Toujours les mêmes se font flinguer
Mais sont bien vite remerciés
Par une brindille de lauriers
Agitateurs, provocateurs
Allument la flamme des pétards
Les mettre en tôle, faut des preuves
Pour faire avouer toutes ces ordures
C'est par vraiment une sinécure
mais sont rusés, ces fins renards
Accusent les flics de torture
Alors, juge ou policier
Vont plus s'en faire désormais
Consultent vite les dossiers
Tous connus, photographiés
A quoi bon les encaserner
Mais l'Intérieur se modernise
Partout on plante des radars
Pour rajouter quelques devises
A son budget, qu'est dans le noir
L'Etat de droits, fait pas de remises
Mon pote, se barre désabusé
prend sa retraite, bien méritée
Car à son âge, en a assez
De se faire traiter d'enculer
En fin de compte, il regrette
D'avoir été bien trop honnête
Mafieux du Golf, règnent sur le pognon
Les contribuables encaissent les gnons
Je vous confie mais en secret
Vie ordinaire d'un ami flic
Qui en a marre, d'être justicier
Pour sauvegarder, laïcité
Tout ce qu'il nous reste de raison
On se tourne vers Henri Lévy
Cet humaniste de salon
Qui nous fait le coup «plus belle la vie»
Pour faire sa pub, joue les mignons
Mains dans le cambouis, prenant des risques
Le flic basique, hisse son fanion
Bien beau servir la République
Encore faut-il qu'elle porte un nom..