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Grégory Baudouin

Grégory Baudouin

Patriote et Républicain, ancien membre des Troupes Aéroportées, Président-Fondateur du Cercle Jean Moulin, mes références sont Jean Pierre Chevènement, Jean Moulin et le Général de Gaulle


2014.11.03 « Indicible » par Grégory Baudouin

Publié par Grégory Baudouin sur 3 Novembre 2014, 23:11pm

Catégories : #Grégory Baudouin, #la Chronique

« Un enfant de 7 ans est mort ». On pourrait penser qu’il est mort au cours d’un accident de la route, ou au cours d’un attentat de nos jours, les fous de dieu n’ayant aucun scrupule à tuer hommes, femmes et enfants. Non, ce gosse est décédé de sa passion, il allait voir un match de hockey. L’enquête dira si la patinoire était aux normes, si le jeu se déroulait normalement, s’il y avait possibilité que ce drame ne se reproduise pas. Si seulement cela pouvait permettre que plus jamais ne se reproduise ce type de tragédie.

 

 

On tremble chaque jour lorsqu’on devient père ou mère de famille à l’idée de recevoir un coup de fil fatal, lorsqu’un soir on laisse sa fille sortir ou qu’on la laisse seule à la maison. Et même un coup de fil en pleine journée du lycée fait craindre le pire, jusqu’à ce qu’on nous dise que ce n’est rien.

 

Depuis ma tendre enfance, j’ai baigné dans le monde concentrationnaire, à tout le moins sa Mémoire. J’ai toujours été sensible aux images de ces enfants rachitiques, comme à celles auparavant des enfants raflés. Mais je n’ai pris conscience vraiment de cela qu’une fois que je suis devenu père. Les combats que je mène peuvent paraitre à mes filles obscurs, inutiles, idiots ou pleins de bons sens ; et peut-être estiment elles qu’elles ont d’autres choses plus importantes, plus prioritaires à faire et/ou à penser. On ne fonctionne pas tous de la même façon. « Le tour de la France par deux enfants », livre qui parle de la France et exalte les valeurs patriotique, les a laissées de marbre (si tant est qu’elles aient dépassé le premier chapitre) alors qu’il est toujours sur ma table de chevet. J’ai pris ma carte dans un parti à 17 ans, au grand damne de mon papa qui eut préféré que j’attende la majorité. C’est l’âge aujourd’hui de la grande, qui est elle loin de cela. C’est l’âge auquel des résistants ont commencé à résister, c’est l’âge auquel certains se sont faits prendre, c’est l’âge auquel d’aucuns ont été déportés ; mais elles sont loin de cela. Sont-elles blâmables à l’heure des libertés et de l’insouciance, quand tout ce qui est du côté obscur leur parait être loin et ne pouvoir toucher que les autres ?  On est invincible, immortel à 17 ans, à 14 ans, ou plutôt le croit-on. Le privilège de l’âge fait qu’on sait qu’il n’en est rien. Trop de mes connaissances ont perdu des enfants qui n’ont pas, ou de peu, dépassé les 20 ans. Ce sont alors au moins trois vies, si ce n’est plus, qui sont brisées. Celle de celui qui est parti, mais également celle des parents qui restent, des frères et sœurs qui restent, des grands-parents qui restent. Dans la nature des choses, les parents ne doivent pas survivre à leurs enfants. Ils sont nos diamants, notre plus grande richesse. On leur répète TOUS les jours la même chose, ils vous disent « oui » et ne le font pas dès le lendemain ou « ont oublié » ; on leur râle dessus, on leur crie dessus, mais toujours ce qu’on fait ce n’est que pour eux, quand bien même ceux-ci ne s’en aperçoivent pas et qu’on passe pour de « vieux cons ».

 

On ne naît pas parents, on le devient, et on le devient à perpète. Tout ce qu’on fait travail, loisir, n’est que pour eux, et parfois ça fait du bien de pouvoir se prendre un moment pour soi ou à deux ; mais très vite nos enfants se rappellent à nous. Et il parait qu’ils le restent, et on tremble et on pense à eux quand bien même l’oiseau a pris son envol du nid. Mais comment vit-on cela ? Je tremble à l’idée ne plus avoir mes deux chieuses à la maison, et je vois ce jour funeste qui arrive si vite ; plus elles grandissent et plus je vieillis.

 

Maintenant, les parents de cet enfant, eux, n’auront plus que des souvenirs, des photos, des films. Comment peut-on vivre après cela ? On ne vit plus, on survit. Comme ces enfants dans les camps qui ont survécu pour vivre. Et qui ont témoigné pour dire « plus jamais cela ». Oui plus jamais cela dans les camps, dans les patinoires, sur la routes, sur les fronts ; laissez, laissons nos enfants vivre, afin qu’ils nous donnent de beaux petits-enfants, qu’ils apprennent à leur tour à devenir parents, qu’ils tremblent à leur tour, qu’ils râlent à leur tour, quand bien même souvent ils se retourneront après en rigolant, en se disant « la vache, ça je l’ai fait aussi... »

 

L’heure du repos, n’est pas encore arrivée, que la Force soit avec vous, Salut et Fraternité.

 

2014.11.03 « Indicible » par Grégory Baudouin
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