2014.11.05 « Mais où est donc Ornicar ? » par Grégory Baudouin

On voudrait parfois écrire tout un tas de choses, on peut dire tout un tas de choses, on peut penser tout un tas de choses, on aimerait crier tout un tas de choses, on peut laisser à penser tout un tas de choses, il est loisible de laisser à imaginer tout un tas de choses, on doit faire comprendre tout un tas de choses, on aimerait faire entendre tout un tas de choses, on court pour tout un tas de choses, mais il ne faut pas dire n’importe quoi, on ne peut s’exprimer n’importe comment, on ne peut écrire tout ce qu’on pense, on ne peut déclamer tout ce qu’on voudrait dire, on n’a d’ailleurs pas vraiment le droit de penser ce que l’on pense, on ne peut décrire tout ce qu’on a vu , ni ce qu’on aurait aimer voir, on ne peut sous-entendre ce qu’on a pensé entendre, on ne peut qu’écouter ce qu’on nous surine où qu’on se trouve et surtout si on se trouve devant les médias bien pensants, devant ceux qui savent, devant ceux qui pensent pour vous, devant ceux qui vous disent ce que vous devez dire, devant ceux qui disent vous écouter, devant ceux qui vous tendront la main pour mieux vous la lâcher voire pour mieux vous la mordre, devant ceux qui vous ouvriront grands leurs bras pour mieux vous étouffer, devant ceux qui déposeront leur respect à vos pieds pour mieux vous les cirer tout en vous tuant d’un coup de couteau entre les omoplates, donc il ne faudrait pas laisser son dos à qui que ce soit, il ne faudrait pas se fier à ses amis, à tout le moins pas plus qu’à ses ennemis, il ne faut pas faire confiance à qui que ce soit , qu’à soi, donc, l’individualisme se fait jour, le solitaire pointe, le soliste se doit d’être la norme, le « nepenserquàsoi » doit être la norme, le « jesuismoi » « vousêtesvous » doit se faire roi, or il existe encore quelques personnes qui luttent pour les autres, il survit quelques idéalistes, il est quelques utopistes, il vivote certains poètes que ni les patrons, ni les dieux, ni les maitres, ni qui que ce soit ne pourront faire taire car il reste un fond humain à l’homme qui n’est pas qu’une bête, qui sait être humain quand cela doit être, qui sait prendre un inconnu dans ses bras comme il prendrait son enfant, qui sait embrasser une cause comme il embrasserait sa femme, qui vit pour autrui et non pas uniquement pour soi, qui ne se lève pas en se disant combien vais-je gagner sur le dos d’autrui, qui ne pose pas le pied gauche tous les matins pour déclencher des guerres et des tempêtes dans des verres d’eau, qui ne cherche pas noise, qui ne pense pas qu’il ne faut pas penser et agir, qui ne se dit pas simplement que ce soir je vais écrire tout un tas de chose parce que je dois écrire tout un tas de chose même si c’est choses ne veulent rien dire, à tout le moins ne rien pour qui ne les lit qu’au premier degrés, imaginons alors que même un texte qui ne veut rien dire au premier degré peut avoir une signification au second, au troisième degré, une signification sous-entendue, sous-tendue et qu’on peut tendre à comprendre si tant est qu’on veuille bien se donner la peine de comprendre, alors on peut écrire tout un tas de choses.

L’heure du repos n’est pas encore arrivée, que la Force soit avec vous, salut et Fraternité.