Gitan par Grégory Baudouin

Lundi fut un grand jour pour « une communauté française ». Laquelle ? Les gens du voyage. Les décrets d’application entérinant la suppression du livret de circulation. Enfin, cette partie du peuple de France, ces citoyens français sont français au même titre que les autres, ni plus, ni moins.

Ce livret de circulation avait été instauré en 1918. Posez la question et d’aucun, vous répondront que c’était Pétain qui l’avait institué. Il ne l’avait pas institué mais il l’avait considérablement renforcé, ce qui permit, au même titre que les juifs, une répression accrue de cette population, dont il se méfiait, et sa déportation.

Dans les gens du voyage, vous y trouverez des gitans, originaires d’Espagne, des roms, originaires des pays de l’est, des manouches etc… et chaque nom n’est point une épithète mais désigne bien un peuple différent avec une culture propre et des coutumes propres. Tous, ont en commun par contre, la même méfiance de l’institution, de celle qui leur avait donné un livret pour mieux les tracer afin de mieux les parquer.

Tous ne sont pas des voleurs de poules. D’aucuns s’étonnent des grosses bagnoles et des somptueuses caravanes. Comme un taxi dont c’est l’outil de travail, c’est leur seule richesse et leur habitation. Il est donc logique qu’ils passent de l’argent dedans car ils y vivent. Comme vous vous mettez de l’argent dans votre maison, sauf que votre maison ne bouge pas.

Beaucoup se sédentarisent d’ailleurs. Achetant un terrain, ou le louant, non pas pour y construire, mais pour y poser les caravanes, enfants des roulottes. Mon oncle était sédentarisé. Et la première fois de sa vie, où il fit une construction sur le terrain, il est monté sur le toit un lendemain de pluie, le toit en fibre de verre à lâché, il y a laissé la vie. Moi-même, alors que je venais d’acheter un « camion », j’étais arrêté un soir par un jeune gendarme une nuit, qui tout de go me demanda mon permis de conduire, assurance, carte ET livret de circulation. Je lui donnais l’ensemble sauf mon livret de circulation ce qui eut pour effet immédiat de faire monter le jeune coq sur les ergots qu’il avait plus haut que son charmant petit cul. Je lui expliquais donc que, bien qu’ayant de la famille du voyage, je n’en étais pas. Prenant mon mal en patience pendant qu’il faisait « les vérifications afférentes à ma situation », je le vis revenir presque penaud et me dire « c’est bon circulez ». Ce genre de petites vexations au quotidien devraient donc disparaitre depuis lundi, et c’est tant mieux.

Et pour finir sur une note joyeuse, je vous renverrai à la poésie des paroles et des airs de Daniel Guichard et Garou : « Gitan ».

Par le ciel, partout, pour tous, avec vigilance et persévérance, l’heure du repos n’est pas arrivée. Que la Force soit avec vous, Salut et Fraternité.