Le chiffre, le veau, et la parole par Grégory Baudouin

« Je vois fleurir bien des commentaires concernant monsieur le Président de la République. Notamment sur ses propositions sur le travail, la construction européenne ou encore la sécurité sociale auxquelles les Français adhéreraient au regard des 66% du second tour. Trois choses à ce propos. Son vrai résultat c'est 24 % (score du premier tour), c'est son socle électoral et "idéologique". La suite est liée à l'effondrement de Madame le Pen à l'occasion du débat de l'entre deux tour qui a eu pour conséquence d'amplifier le rejet dont elle et le Front national sont l'objet. L'illusion de penser que ce résultat correspond à une adhésion des Français au projet présidentiel est au mieux une vue de l'esprit. L'oublier serait une erreur politique. Cette majorité présidentielle, "synthèse des centres" issue du rejet de l'extrême droite et de l'émergence d'un désir de nouveauté doit maintenant aller à la rencontre de la République et de l'imaginaire des Français avant de croire que 66 % (après les 82% de Chirac), constitueraient désormais, le nombre d'or de la politique française. »

Que dire de plus ? La parole de Claude Nicolet, Secrétaire Général adjoint de République Moderne, fondée et présidée par Jean-Pierre Chevènement est d’or, comme celle du patron d’ailleurs, et j’aime à les lire tous deux, tant ils sont de bons conseils.

Leur parole est d’or, ce que n’est pas 66. Le Président Macron a obtenu 66% à la présidentielle, et on voudrait faire de ce pourcentage un nombre d’or. Que nenni ! N’oublions pas que le Président Chirac, ayant comme lui bénéficiait d’un Front Républicain, et du rejet de l’extrême droite, avait fait 82%. On pourrait déjà se dire que la mobilisation, face à cette engeance a été moindre, si on s’en tient aux chiffres bruts. Le Président Chirac a ensuite fait une erreur. Il n’a pas su saisir son destin historique. Il a laissé passer son destin, quand il aurait pu et dû faire un gouvernement d’Union National, rassemblant gauche, droite, centre, républicains, comme le fit Jean Moulin avec le Conseil de la Résistance, et comme voulu le faire « l’homme de le la Nation », Jean-Pierre Chevènement avec le Pôle Républicain, à la présidentielle de 2002, etc. On pourrait croire que le Président Macron l’a fait en débauchant quelques éléments de la droite, il n’en est rien. Il n’a fait que, ce qui est déjà bien, faire exploser des partis sclérosés. En cela, il aurait eu les faveurs du Général De Gaulle.

Le président Macron est aussi monté à son zénith et, en état de grâce, on lui passe tout, y compris des blagues, si ce n’est graveleuses, à tout le moins douteuses. Imaginons la poissonnière (Morano) faire la même blague sur les filets de poissons et les comoriens. Taulé général. La figure du Président Macron n’est pas le nouveau veau d’or. Il n’a pas encore son profil, fusse-t-il Napoléonien ou Jupitérien, gravé à la face des pièces. Reportez-vous à mes chroniques de la semaine dernière, si je ne suis pas à priori négatif, je ne lui donne pas non plus un blanc-seing. Je veux y croire, mais je veux croire que c’est la France qui va avancer, et non pas son destin.

Deviendra t’il l’homme providentiel dont avait besoin la France ? Comme le dit Claude Nicolet, il est à la rencontre de la France, « il doit maintenant aller à la Rencontre de la République ». Et ça ce n’est pas gagné.

Face pour lui que son pourcentage 66 ne se transforme pas en 666.

Par le ciel, partout, pour tous, avec vigilance et persévérance, l’heure du repos n’est pas arrivée. Que la Force soit avec vous, Salut et Fraternité.