"Minority report et Mémoire" par Grégory Baudouin

« Auschwitz » On a beau dire qu’on sait tout en la matière, on a beau entendre dire que c’est trop vieux, que c’est ringard, que c’est daté, qu’il faudrait passer à autre chose ; on entend même dire de ci de là que cela n’a pas existé, qu’on peut avoir un doute sur l’existence des chambres à gaz, de la shoah (suivez mon regard y compris dans l’actualité…), on découvre encore de belles choses.

Il y a bien sûr les images en noir et blanc brutes et la voix nazillarde pardon nasillardes (nous aussi on peut faire de l’humour en la matière), mais comment intéresser les jeunes ? Il est en ce moment une série sur la chaine RMC Découverte qui allie images d’archives et images en couleurs jouées par des comédiens sous fond de voix off. Je pense que nous avons peut-être là l’avenir de la Mémoire. A écouter les ados d’aujourd’hui, les images en noir et blanc sont irregardables, rédhibitoires pour leur attention, tandis que le « docu » en couleurs attire déjà un peu plus leur attention. Soyons lucide, ce qui attire le plus le jeune se ne sont plus les livres et les images fixes, ce sont les écrans, c’est l’interactivité.

Si le scolaire participera et écoutera un témoin d’une oreille intéressée, il n’aura qu’un œil poli (et encore) pour le film d’époque qui passera à l’écran. Tandis que si on arrive à le trainer, pardon l’emmener dans une exposition, un musée, un mémorial et que celui-ci est doté d’éléments interactifs, le jeune s’intéressera, il jouera avec le savoir. J’ai été fasciné de voir mes filles au Mémorial de l’internement de Compiègne, où figure le nom de leur arrière grand-père, s’accaparer un programme, un logiciel d’hologrammes de type « Minority report » et de voir à quelle vitesse elles ont maitrisé celui-ci. Soit dit en passant, cela fait bizarre de découvrir le nom de son aïeul sur un tel mur, quand bien même nos nous sommes battus afin qu’il apparaisse et ne sombre pas dans l’oubli. Rendons hommage à notre maman pour ce combat, pour avoir fait les recherches et apporté les documents attestant de son internement (Marcel Fouque est décédé en 1947 des suites de cet internement).  Pour l’instant, sur une liste complémentaire, son nom à vocation à rejoindre les autres gravés « dans le marbre ».

Du marbre au béton, il n’y a qu’un pas que franchirent malgré eux nombres d’internés. Faite un simple geste la prochaine fois ou la première fois que vous irez à la prison de Montluc, où fut interné Jean Moulin, mais aussi à Drancy, à Compiègne : posez votre main sur les murs, sur le béton, alors vous aurez l’impression d’entendre le sentiment de peur et d’angoisse, les cris d’horreurs, les cris de douleurs des internés. C’est une expérience à la limite de la métaphysique, mais c’est une expérience que j’ai vécu par deux fois à Compiègne et à Montluc, mais que je n’avais pourtant pas éprouvé au Struthoff et à Auschwitz en étant adolescent.

Mais une question me vient à l’esprit : pour l’éprouver encore faut il se déplacer, encore faut il s’intéresser, et le seul fait de se déplacer n’est ce pas là la première des interactivités ? ….

L’heure du repos n’est pas arrivée, que la force soit avec vous, Salut et Fraternité.

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Emmanuel Berry : Dès lors que l'on tente de photographier l'indicible, ou même, et surtout, ses contours, la question de la représentation du visible se pose. "C'est en silence que je me suis rendu

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