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Grégory Baudouin

Grégory Baudouin

Patriote et Républicain, ancien membre des Troupes Aéroportées, Président-Fondateur du Cercle Jean Moulin, mes références sont Jean Pierre Chevènement, Jean Moulin et le Général de Gaulle


Nathalie : La gerbe par Grégory Baudouin

Publié par Grégory Baudouin sur 26 Octobre 2015, 18:19pm

Catégories : #la Chronique, #Grégory Baudouin

Nathalie était donc seule, célibataire. Il me fallait déployer des trésors de plans drague afin de pouvoir l’approcher, mais je me doutais que la partie ne serait pas facile. Je faisais donc le pied de grue au boulot et autant que possible à l’extérieur, mais c’était là le plus difficile. C’était bizarre. Il y avait chez elle envers ma personne comme une ambivalence qui allait de la répulsion à l’attirance, mais je ne parvenais pas à conclure, pas même sur un mal entendu comme dirait notre Jean-Claude Duss national.

 

Pas plus bête qu’une autre, elle comprenait bien vite mon manège et me dit tout de go un jour que je n’étais pas son type, que je ne respirais pas assez l’oriental. Je t’en fouterais moi de l’oriental, je vais te faire gouter à du latin lover.

 

Alors que la belle était partie pendant une période définie en vacances chez ses parents, j’avais réussi à lui faire me donner l’adresse contre l’assurance que je n’y viendrais pas mais qu’un courrier arriverait. Ce qui fut fait. Je rédigeais d’une prose passionnée, un long courrier où je n’occultais rien de mes sentiments - pas encore de mes envies, à tout le moins je n’en ai pas le souvenir. Je n’ose imaginer la lecture de cette prose qui se devait d’être cousue de fÔtes. Mais qu’a-t-elle donc pensé devant tant de misère orthographique ? Là aussi, c’est un paradoxe, je semblais l’intéresser par ma culture autodidacte, culture en matière politique, théâtrale et divers autres domaines face à un parcours scolaire pauvre rempli d’échecs, de renvois, de franches rigolades et de filles faciles plutôt que de diplômes.

 

Elle prit néanmoins la peine de me répondre. Je recevais alors dans mon cagibi un courrier fort courtois où en substance elle me disait qu’elle ne voulait se consacrer qu’à ses chères études et pas à la galéjade et qu’elle préférait que nous soyons amis. Qu’à cela ne tienne, des paroles que tout cela, je me doutais que ce n’était là qu’une façade, une protection, une carapace pour ne pas dire une armure.

 

Mission  skud ! Sachant le jour où elle devait rentrer, je me précipitais chez le fleuriste afin de lui offrir un superbe bouquet de fleurs. Me voilà arrivé chez le fleuriste et là, question existentielle : mais que peut donc aimer une fille comme elle, que peut-elle donc aimer ? J’étais quelque peu désemparé, plein de bonne volonté mais désemparé devant l’obstacle qui se dressait devant moi : je ne connaissais pas ses gouts en la matière. Bien beau de toujours lui parler de moi, mais à ce moment je m’apercevais que je ne l’écoutais pas, tout juste si je l’entendais. A ce moment, je compris une règle des femmes : elles aiment qu’on leur parle d’elle et être entendue voire écoutée. Bien sûr, l’autre ne cherchant qu’à placer sa came me refilait des conseils bateau, mais je me doutais que pour Nath, il fallait autre chose, quelque chose qui sorte de l’ordinaire. Je faisais donc avec l’inspiration du moment ET les moyens du bord. Certes avec ceux que j’avais à l’époque, il ne dut pas être aussi super que cela mais bon rhooooooo c’est l’attention qui compte. Ne me demandez pas de quoi était composé le bouquet, je ne saurais plus le dire mais j’en étais content. Je fonçais au Pigeonnier.

 

Je me rappelle très bien que je montais les étages, le cœur haletant priant pour qu’elle ne soit pas là, que je ne sois vu de personne et je redescendais les escaliers de le même façon, si ce n’est plus vite, priant tous les dieux du théâtre et Lev Davinovicht pour que le bouquet soit toujours en place à son arrivée.

 

Il l’était. Mais ce fut son père qui le découvrit le premier et qui, avec l’humour calme et pince sans rire qui le caractérise, dit à sa fille qui montait les escaliers (cela me fut rapporté bien plus tard) « Natha, il y a une gerbe devant ta porte ».

 

Nathalie : La gerbe par Grégory Baudouin
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